dimanche 1 novembre 2009

Berlusconi et la liberté de la Presse en Italie (2/2)


Berlusconi et la Presse

Tout d’abord, nous observerons qu’il existe 11 journaux de droite :  Il Giornale, Libero, Il Foglio, Il resto del Carlino, La Nazione, Il giorno, Il Tempo, La padania, Il sole 24 ore, et l’hebdomadaire Panorama.
Nous avons ensuite 5 journaux de centre droite : Il Corriere della Sera, la Stampa,Il Messaggero, l’Osservatore romano.
Et à gauche… seulement 5 journaux : la Repubblica, l’Unità, Il Manifesto, Liberazione, l’Espresso.
 Je fait alors une recherche pour savoir qui est le directeur du principal journal de droite, Il Giornale. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai découvert que depuis 1987, la famille…
BERLUSCONI en était propriétaire ! Nous parlons du 7e journal d’information le plus diffusé en Italie…
Le directeur de Libero quant a lui, est Vittorio Feltri. Ce charmant homme rencontre Paolo Berlusconi, éditeur de Il Giornale en 1994, qui lui propose la direction du journal. Il y reste jusqu’en 1997 puis en 2000 il fonde Libero, journal libéral conservateur, qui n’hésite pas à défendre Berlusconi régulièrement. D’ailleurs, il finit par quitter la direction en 2009, pour revenir à la direction d’Il Giornale.
C’est Maurizio Belpietro qui lui succède comme directeur de Libero. J’apprends qu’il était vice-directeur avec Feltri d’Il Giornale, en 1994 !
 Venons en à Il Foglio. Le directeur du journal est Giuliano Ferrara, ancien communiste devenu l’un des plus fidèles du Cavaliere. Il est ministre des « rapports avec le Parlement » lors du premier gouvernement de Berslusconi en 1994.  De ministre, il passe rapidement à conseiller du Président du Conseil !

C’est pourquoi je ris lorsque Berlusconi déclare que la presse écrite est« contrôlée à 85% par la gauche » !

Récemment, il a réclamé en Justice 1 millions d’euros de dommages et intérêts aux quotidiens La Repubblica et L’Unità pour la publication de questions sur sa vie politique et privée. Par ailleurs, Berlusconi a également déposé des plaintes contre le quotidien El Pais, en Espagne, qui avait publié des photos de filles nues lors des soirées du Président du Conseil dans sa résidence privée en Sardaigne, la villa Certosa. Le Président du Conseil s’est même attaqué à notre hebdomadaire français Le Nouvel Observateur, pour un article intitulé « sexe, pouvoir, et mensonge », relatant une possible infiltration de la mafia russe au sein de l’Etat italien…

Réactions et dénonciations internationales
"Etant donné que Mediaset et la RAI totalisent environ 90% des parts d'audience de la télévision et plus des trois quarts des ressources de ce secteur, M. Berlusconi exerce un contrôle sans précédent sur le média le plus puissant en Italie", avait dénoncé dans une résolution le 24 juin 2004 l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.
Cette assemblée portait sur la monopolisation des médias électroniques et la possibilité d’abus de pouvoir en Italie. Le 22 avril 2004, une résolution du Parlement européen sur les risques de violation, dans l’UE, de la liberté d’expression et d’information, fait les même observations sur le duopole Rai et Mediaset.
Le 21 septembre 2009, le représentant de l’Osce pour la liberté des médias a sommé le Président du Conseil italien de retirer ses plaintes contre La  Repubblica et l’Unità.  «Le questionnement permanent, même partisan, est un instrument de la fonction corrective des médias. Le droit de savoir du public inclut inévitablement le droit des médias à poser la question», insiste le représentant de l'OSCE dans un communiqué.
De même, l’Institut International de la Presse, le 7 octobre, a appelé Silvio Berlusconi à abandonner ses poursuites des médias le critiquant, et à garantir l’indépendance de la RAI. «L’IPI exhorte l’Italie à mettre rapidement en place des mécanismes garantissant l’indépendance éditoriale de la radio-télévision publique et appelle le Premier ministre italien à renoncer à sa plainte pour diffamation contre La Repubblica », a déclaré son directeur, David Dadge, dans un communiqué
Jeudi 8 octobre, le Parlement européen devait débattre sur le liberté de la Presse en Italie, malgré l’opposition des élus de droite. La question du duopole Rai et Mediaset sera notamment en ligne de mire : une loi européenne pour limiter les concentrations sera proposée.



Manifestation pour la liberté de la presse, la loi Alfano invalidée par le Conseil Constitutionnel, une lueur d'espoir?

« Non à la laisse ! » disaient les slogans de la manifestation pour la liberté de la presse  , le 3 octobre, à Rome. Elle a tout de même rassemblé 100 000 personnes. Preuve qu’une bonne partie de la population n’est pas dupe et souhaiterait un réel changement. L’intervention de Roberto Saviano , auteur du célèbre Gomorra ( et mon idole, vous le comprendrez bien vite !), a du réveiller les consciences.  Je rappelle au passage que cet auteur vit à présent caché, escorté de cinq gardes du corps, après avoir écrit un livre sur la Camorra, mafia napolitaine. Il est en danger de mort. Il sait donc de quoi il parle, lorsqu’il déclare:  «la vérité et le pouvoir ne coïncident jamais ».


Peu de jours après, le mercredi 7 octobre, un arrêt de la Cour Constitutionnelle lève l’immunité judiciaire du Président du Conseil : la loi Alfano est déclarée inconstitutionnelle .
Un premier pas de la justice pour contrer les excès de Berlusconi ?
En tous cas, cela a permis de rouvrir le dossier de l’Affaire David Mills (voir plus haut).

En attendant, in bocca al lupo (bonne chance) et courage aux défenseurs de la liberté de la presse en Italie !

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