La France a été classée 43e dans le classement annuel de RSF
sur la liberté de la presse, mais l’Italie… 49e !
Silvio Berlusconi contrôle les deux plus grands groupe
télévisés d’Italie : Mediaset, groupe médiatique dont il est le fondateur
et propriétaire, et la Rai, dont il détient les 3 plus grosses chaînes, où sont
placés à la direction ses plus fidèles amis. Mediaset et la Rai détiennent 88%
des part d’audience en Italie.
Or en Italie, la Télévision, c’est un culte. Elle est
partout. Dans le salon, mais aussi dans la cuisine et dans sa chambre. Elle est
allumée 24/24h. Selon plusieurs sondages, 70% des italiens se forment une
opinion par la télévision.
Berlusconi est également le propriétaire de Il Giornale,
l’un des principaux journaux de droite…
Berlusconi et Mediaset
Silvio Berlusconi est le propriétaire et le directeur de
Mediaset, groupe de media détenant 44% des parts d’audience de la TV en Italie.
Mediaset contrôle les principales chaînes de télévision
Canale 5, Italia Uno et Rete 4. Le goupe fait partie de la holding Finivest,
empire financier de Berlusconi.
Marina et Piersilvio Berlusconi, ses deux aînés, occupent
des postes de direction à Mediaset et Finivest. En Italie, ce qui compte par
dessus tout, c’est la famiglia !
L'affaire Mediaset
Le 26 avril 2005, le Parquet de Milan demande le renvoi de
Silvio Berlusconi dans une affaire de droits de retransmission impliquant
Mediaset.
Selon les magistrats, Mediaset a artificiellement gonflé, grâce à des sociétés
écrans off shore, le prix d’achat des droits de diffusion de films américains.
Le groupe de Berlusconi aurait pu ainsi constituer des caisses noires à
l’étranger et diminuer en Italie ses bénéfices afin de payer moins
d’impôts ! L’affaire remonte à 1994-1995, mais Berlusconi avait été
acquitté en 1998.
L’affaire devient « affaire David Mills »
lorsqu’on apprend qu’il a versé 60 000 dollars en 1997 à l’avocat David Mills
en échange de faux témoignages et de la destruction de documents lors des
procès intentés contre lui en 1997 et 1998.
Berlusconi est cité à comparaître début décembre 2005 par le parquet de Milan mais ne se rend
pas à la convocation. Ce n’est qu’en octobre 2007 que Silvio Berlusconi et
David Mills comparaissent devant le tribunal de Milan.
Or, Silvio est réélu Président du conseil en avril 2008,
après la chute du gouvernement démocrate de Romano Prodi (2006-2008). Trois
mois après, le 23 juillet 2008, le Cavaliere fait voter la fameuse loi Alfano lui
garantissant l’immunité judiciaire tant qu’il occupera la fonction de Président
du Conseil.
Tiens donc ! Aurait-il quelque chose à se reprocher ?
Berlusconi et la Rai : Tv publique ou TV d’Etat ?
L’ «edit Bulgare »
En avril 2002, Berlusconi est en visite officielle en
Bulgarie. Il accuse alors trois journalistes de la Rai de faire un usage
criminel de la télévision publique par leurs attaques et provoque leurs
licenciements.
2007 : une entente entre Mediaset et la Rai
L’affaire éclate en 2007, mais remonte à 2004-2005. Des
écoutes sont effectuées dans le cadre d’une enquête judiciaire, et montrent que
des proches du Cavaliere, occupant des postes de direction à la Rai,
s’entendent avec la direction de Mediaset avant de prendre des décisions
éditoriales, notamment lorsqu’il s’agit de couvrir la vie politique ou privée
de Berlusconi, alors Président du Conseil.
Au banc des accusés, Deborah Bergamin, ancienne assistante
de Berlusconi et à l’époque responsable de la programmation de la Rai, et
l’ancien directeur général (2003-2005) de la TV publique Flavio Cattaneo.
La Rai aujourd’hui
Dans un article du journal Le Monde daté du 21 octobre,
(dont je m’inspire fortement) Alessandra Mancuso, journaliste au JT de Rai Uno,
témoigne : « « Nous traversons le pire moment de notre histoire
(…) Depuis le retour de Berlusconi, nous avons de moins en moins
d’autonomie et d’indépendance ». La journaliste
ajoute : « Les médias, et particulièrement la télévision, sont
son obsession. Le problème est qu’il contrôle directement la Rai, où il a placé
à sa tête des hommes de confiance».
Que le pouvoir ait été de gauche ou de droite, la Rai a
toujours entretenu des relations étroites avec le gouvernement. Depuis 1945 et
jusqu’aux années 1990, c’est la Démocratie chrétienne, au pouvoir sans
interruption, s’était attribuée la chaîne Rai Uno. Le Parti Socialiste lui
détenait Rai Due, et Rai Tre, créée en 1979, est attribué au Parti communiste.
Cet arrangement entre politiciens venait en fait d’une loi votée au parlement,
sous le prétexte du principe de « lotizzazione », qui garantit le
pluralisme du service public.
À présent, la Rai semble être devenue une marionnette entre
les mains du Cavaliere. Il y nomme ses amis fidèles, partisans politiques,
s’invite à sa guise sur les plateaux….
Afin de renforcer sa mainmise sur le groupe audiovisuel, le
Président du Conseil a choisi de l’étrangler financièrement, en décidant de ne
plus augmenter la redevance, pourtant l’une des plus basses d’Europe
(107euros).
Dernièrement, Berlusconi a également imposé une alliance entre
la Rai et son groupe Mediaset pour contrer l’expansion audiovisuelle du mania
des medias Ruport Muroch en Italie.
Pendant les récents scandales liés à Noemie Letizia ou ses
escort girls, il n’a d’ailleurs pas hésité à s’inviter sur les plateaux de la
Rai, au TG1 (journal télévisé de Rai Uno), qui rassemble quotidiennement 7
millions de téléspectateurs.
Michele Santoro, journaliste politique et animateur de
nombreux magazines sur la Rai, a été licencié en 2002. Toujours la même chanson, Berlusconi lui
reproche « de faire un usage criminel de la télévision publique ». Il
est finalement réintégré sur Rai Due en 2005, après une décision de justice.
Avec son magazine hebdomadaire « Anno Zero », qui connaît des records
d’audience, le journaliste a repris sa bataille contre Berlusconi. Il n’a pas
froid aux yeux : la direction a pourtant suspendu les contrats des
journalistes qui y collaborent.
Fin septembre, 7 millions de téléspectateurs suivaient avec
attention le récit des filles qui ont fréquenté les soirées du Président du
Conseil. Patrizia D’Addario, la calll girl ayant passé une nuit avec le
Cavaliere, avant d’être candidate sur une liste berlusconienne au conseil
municipal de Bari,a déclaré pour la 1e fois que Silvio « connaissait son
métier », ce qu’il a toujours nié.
Le 3 octobre, une manifestation pour la liberté de la Presse
a rassemblé 100 000 personnes à Rome. En direct, Augusto Minzolini, le
directeur du TG1, placé à ce poste par le Cavaliere, avait alors parlé d’«une
manifestation incompréhensible dirigée contre Berlusconi ». Indignés, des
journalistes de la Rai, de droite comme de gauche, ont obtenu que le Comité de
la Rédaction oblige la chaîne à faire valoir un point de vue opposé. Le
directeur du TG1 a été convoqué par le Comité de vigilance de la Rai, se
faisant simplement rappeler à l’ordre.
Lors de la manifestation, de nombreuses pancartes
indiquaient « Nous sommes tous des canailles ». Allusion ironique aux
propos de Berlusconi, lorsqu’il faisait référence à certains journalistes de la
Rai…
« Vous êtes au journalisme ce que la chaise électrique
est à la Vérité’ a ironisé l’ancien juge Antonio di Pietro, fondateur du parti
d’opposition « Italia dei Valori », à propos de Bruno Vespa (ancien
directeur du TG1) et Augusto Minzolini. Depuis, Rai Uno est dans l’obligation
de ne plus diffuser des images de Di Pietro et des activités de son
parti !
Enfin,
mercredi 7 octobre, un arrêt de la Cour Constitutionnelle lève l’immunité
judiciaire de Berlusconi. Quelques heures après, il s’invite par téléphone à
l’émission « Porta a Porta » de Bruno Vespa, un de ses fidèles amis.
Il n’hésite pas à dénoncer « les toges rouges », « la justice de
gauche »… Allant bien plus loin que Sarkozy avec Arlette Chabot sur France
2, il insulte Rosy Bindi, vice présidente de la Chambre des députés, et députée
du Parti démocrate (centre gauche), qui le contredisait : « Vous êtes
plus belle qu’intelligente ! », avait-il lancé. Sur le plateau,
personne ne réagit. La députée ne se laisse pas démonter et lui
rétorque : »Évidemment, je suis une femme qui n’est pas à votre
disposition », faisant référence à l’affaire des call girls qu’il aurait
engagé.