jeudi 25 mars 2010

Toy (Squat) Story

A 2h27, l'Anti Party bat son plein au Squat de la Générale en Manufacture. Ici, les artistes ont gardé leur âme d'enfants : c'est avec leur jouets qu'ils mixent ou se mettent en scène. Au programme : des robots DJs, des Chamans futuristes et quelques Jedis.

dimanche 7 mars 2010

"Il faut aller dormir, Madame, on a beaucoup d'appels au Samu"


2h27. Patrick Ecollan, directeur du Smur* de la Pitié Salpêtrière,  raconte : « Souvent, les gens n’appellent que pour des petits bobos. La nuit crée beaucoup d’angoisses. Une fois, c’était une personne qui était inquiète car elle avait mangé du riz périmé ». Entre les gens qui se sentent seuls, les enfants farceurs et les canulars, il y a de quoi faire pour les équipes du Centre 15, le centre névralgique du Samu à Paris.




Au cœur de la nuit, le calme règne ici. Un calme retenu. Un calme vigilant. Les permanenciers auxiliaires de régulation médicale (PARM) ne dorment que d’un œil. Non, en réalité, ils ne dorment pas. Certes, à partir de minuit, les appels sont moins fréquents. Le temps de plaisanter 2 minutes avec un collègue entre 2 appels.
Tous les appels d'urgence vers le 15 arrivent ici, dans cette petite aile de l’hôpital Necker dans le 15e arrondissement. Dans cette salle, pas de lits pour les patients, pas de seringues. Des ordinateurs et des téléphones. Un poste de TV, dans le fond de la salle, avec les informations en continu. Les ambulances sont en bas, prêtes à partir. En moyenne, on dénombre 2 000 appels par 24h. Mais seulement 500 dossiers médicaux sont ouverts. Le plus gros travail, c’est le tri.
Caché derrière ses deux écrans d'ordinateur et une pile de dossiers, un permanencier, impassible, décroche pour la énième fois son téléphone. Les sourcils froncés derrière ses lunettes, il interroge son interlocuteur : "Avez-vous de la fièvre? Depuis combien de temps durent les vomissements? Vous avez des antécédents cardiaques?". Ensuite, c'est à Patrick d'évaluer la gravité de l'état du patient. "Elle doit aller à l'hôpital." La dame insiste. "Non, on ne déplacera
pas une ambulance pour ça", tranche le médecin.




2h27. C'est aussi l'heure de la pause café-cigarette, pour ce petit couple complice de permanenciers, qui échangent quelques plaisanteries coquines. Certains font du 17h-3h du matin. D’autres sont là depuis 21h et ne repartiront que le lendemain, à 8h.
Nicolas travaille de nuit deux à cinq jours par mois. Fatigant, le travail de nuit ? Pas pour lui : « J’aime bien faire des nuits, de temps en temps. La nuit, c’est plus reposant, car on n’a pas l’habituel brouhaha de la journée. L’ambiance est plus feutrée. On travaille en effectifs réduits, donc cela crée plus de complicité. »
Mais ce calme peut aussi se briser d’une minute à l’autre. Nicolas se souvient notamment d’un appel marquant: « C’était un homme assez jeune. Il venait d’ouvrir sa porte. Il a retrouvé sa femme avec leur enfant dans les bras. Mort. Elle l’avait tué ».
À la TV, les infos annoncent la mort d’un jeune, poignardé dans le 16e. « Nos équipes y étaient, raconte Patrick Ecollan.  C’est arrivé à 20h. Ils ont du lui ouvrir le thorax pour recoudre le cœur. Mais il est décédé ».
Un appel lui coupe la parole. Cette fois, c’est un SDF qui s’est fait renverser par un bus. Un peu plus loin, une permanencière s’agace : « Madame, il faut aller dormir maintenant, nous avons beaucoup d’appels au Samu… ». La nuit sera longue.
* Le Samu de Paris fait partie des 105  centres installés en France. À Paris, le Samu (Service d’Aide Médicale d’Urgence) dispose de six Smurs (Service Mobile d’Urgence et de Réanimation) rattachés à des hôpitaux différents : Necker, Pitié-Salpêtrière, Lariboisière, Hôtel-Dieu, Saint-Antoine et Robert Debré. Concrètement, il s’agit d’une équipe médicale mobile, qui se déplace en ambulance, en voiture ou même en hélicoptère, lors d’un malaise ou un accident, afin de porter secours, ou d’effectuer un transfert entre différents hôpitaux.